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Ultra Marathon France : une association, une revue, un blog, un club

mardi 27 octobre 2020

Drôle de saison

Tout se lit sur son visage et sa posture
L'année 2020 ne rentrera pas dans les annales pour la compétition. Sur six compétitions, je n'ai pu faire que deux courses "ultra", à savoir les 100 miles de l'Ardèche et le championnat de France des 24 Heures.
La première a été improvisée deux mois auparavant dans un cadre non officiel (mais comme si..). Elle avait lieu le 22 août avec un départ à Saint-Péray en Ardèche (en face de Valence) pour faire un aller-retour de plus de 160 km en empruntant la voie verte de la vallée de l'Eyrieux. Jusque-là j'avais pu faire de longs entraînements dont certains étaient bien meilleurs que les années précédentes mais je n'avais aucune référence de ma forme par rapport à des courses plus courtes et donc plus rapides. Malheureusement celles-ci étant annulées, mon corps s'est habitué à un régime au ralenti avec une foulée plus fatigante que d'habitude. Pour cette course, je suis donc parti assez prudemment mais j'ai senti vers les 60e km que la course allait se durcir sous l'effet de la chaleur et du sol gravillonneux. La vitesse allait baisser progressivement avec des jambes qui répondaient de moins en moins. M'étant fixé de terminer la course quoiqu'il arrive, je la finissais comme je pouvais en plus de 27 heures. Si sur le plan sportif ce n'était pas concluant, j'ai pu retrouver beaucoup d'amis coureurs venus de toute la France et j'ai pu combler ce besoin de retrouvailles.
La seconde course était donc le championnat de France des 24 Heures qui avait lieu le 10 octobre à Vierzon dans le Cher. Entre les nombreuses courses qui étaient supprimées bien souvent au dernier moment, cette épreuve a survécu même s'il fallait se soumettre à des mesures draconiennes qui n'avaient pas toujours de sens . Là encore, je me suis retrouvé avec les mêmes sensations de fatigue avec en plus des orteils douloureux pour avoir couru avec une foulée mal adaptée. Cela m'a valu de changer quatre fois de chaussures jusqu'à ce que je ne ressente plus rien. Je suis rentré dans une certaine routine en trouvant le temps long durant la nuit faute de motivation à engranger des kilomètres. Ce n'est en fait qu'à une heure de la fin que j'ai réagi. Etant vers les 150 km, je me suis motivé pour essayer d'atteindre les 160 km. A ce moment-là, le "turbo" s'est déclenché et la fatigue a disparu par enchantement pour courir enfin normalement. Encore une fois le mental a bien montré qu'il est le moteur essentiel de la compétition. J'arrivais quand même à 159, 212 km à 3 km de la distance accomplie l'année dernière à Brive. Au classement je termine 66e homme avec un titre de vice-champion de France dans la catégorie des 70 ans, le champion étant Michel Morel du même club Ultra Marathon France qui se classe 6e par équipe.
Quand on a couru pendant plus de 40 années en toute liberté avec des projets certains d'être réalisés, il m'aura été difficile de me préparer sereinement dans un contexte de pessimisme et d'incertitude et même de non-considération jusque-là inconnu. Il ne me reste plus qu'à rêver pour l'an prochain, si... Malgré tout, il faut continuer à courir coûte que coûte tous les jours en maintenant la compétition avec soi-même.
Roland Vuillemenot, le guerrier